Retour du printemps = retour des amphibiens !

Généralités sur la biologie des amphibiens

Les amphibiens jouent un rôle majeur dans les écosystèmes et leur équilibre. En effet, ils rendent de nombreux services écosystémiques et sont également d’excellentes espèces indicatrices de la santé des milieux humides.

D’ailleurs, ces milieux trop souvent dévoyés ont une importance capitale pour l’épuration de l’eau, et son maintien local dans les territoires mais aussi pour le captage du carbone.

Les amphibiens occupent une place particulière dans la chaîne alimentaire, puisqu’ils sont à la fois prédateurs et proies. En tant que prédateurs principalement insectivores, ils régulent les populations d’insectes indésirables tels que les mouches et moustiques, tandis qu’en tant que proie, ils servent de ressources alimentaires pour toutes sortes d’animaux comme les reptiles, les oiseaux et les mammifères.

Crapaud commun
Crapaud commun – Jean-Baptiste Decotte

Les amphibiens présents en France se répartissent en deux grands groupes :

  • les anoures, ne possédant pas de queue à l’âge adulte = les crapauds et les grenouilles,
  • les urodèles, conservant leur queue = les tritons et les salamandres.
Salamandre tachetée
Salamandre tachetée – Jean-Baptiste Decotte

Leur cycle de vie est divisé en deux phases, une phase exclusivement aquatique en début de vie et une phase terrestre une fois l’âge adulte atteint.

Dans un premier temps, les œufs sont pondus dans les mares et à l’éclosion, ils donnent des têtards chez les anoures et des larves chez les urodèles dotées de branchies pour permettre leur respiration.
À ce stade, les têtards et les larves ont un régime alimentaire omnivore.
Ensuite, vient la phase de métamorphose, qui se fait toujours en milieu aquatique, durant laquelle apparaissent progressivement les pattes arrières chez les anoures dans un premier temps, puis les pattes avant et finalement la disparition de la queue chez les têtards.
En fin de métamorphose, la disparition des branchies permet la transition entre une respiration branchiale et une respiration pulmonaire.

Sonneurs à ventre jaune
Sonneurs à ventre jaune – Jean-Baptiste Decotte

Une fois la métamorphose achevée, leur cycle de vie bascule en phase terrestre. Cependant, ils restent très liés aux milieux aquatiques, notamment durant la saison de reproduction, qui se fait obligatoirement dans l’eau, et certaines espèces y restent même toute l’année.
En fin d’été – début d’automne, les amphibiens vont migrer vers un site d’hivernage afin de passer la saison froide. Pour échapper au gel, ils s’abritent dans les forêts ou bosquets et s’enfoncent dans le sol ou sous des souches et tas de bois par exemple, où ils entrent en torpeur.

Triton crêté
Triton crêté – Jean-Baptiste Decotte

Au printemps, lorsque les températures se réchauffent et que les pluies s’intensifient (en principe), les amphibiens sortent de leur hibernation et migrent vers leur site de reproduction. Cependant, cette migration est risquée pour eux car le risque d’écrasement lors des traversées de routes est extrêmement élevé dans les secteurs anthropisés et cela se produit de plus en plus fréquemment, mettant en péril un grand nombre de populations.

Cycle des amphibiens
Cycle des amphibiens © Ursina Tobler

Campagne de sauvetage

Pour pallier les écrasements des amphibiens sur certaines routes du département, diverses actions ont été mises en place par la LPO en Isère.

Depuis plus d’une vingtaine d’années, une campagne de sauvetage des amphibiens est menée lors de la période de migration. Cette campagne consiste à installer des filets le long des routes présentant de forts taux d’écrasements afin d’empêcher la traversée des amphibiens.

Le dispositif est simple : les filets sont inclinés vers la zone d’où viennent les amphibiens en amont de la route et des seaux sont enterrés et collés au filet tous les douze mètres.
Ainsi, lorsque les amphibiens veulent traverser la route, ils butent sur le filet, puis le longent jusqu’à tomber dans un seau.
Au petit matin, un passage est réalisé sur le site afin de dénombrer et d’identifier les espèces présentes.
Une fois cela fait, elles sont déposées directement sur le site de reproduction, évitant la traversée dangereuse de la route.
Cet aménagement provisoire reste en place tout au long de la période de migration, c’est pourquoi les filets sont installés fin janvier et sont retirés mi avril ou fin avril.

Seau et filets
Seau et filets – Jean-Baptiste Decotte

Concernant les sites déjà équipés de passages à petite faune sous la route, des caisses de suivis sont installées afin de compter les amphibiens qui utilisent ces systèmes de traversées sécurisées afin d’en évaluer l’efficacité.

Seau crapauduc
Seau crapauduc – Jean-Baptiste Decotte

Cette année, la campagne de sauvetage des amphibiens a débuté le 25 janvier 2023 avec la pose des filets sur trois sites à fort écrasement : Jarrie, Chirens, Entre-deux-Guiers et l’équipement de deux passages à petite faune à Entre-Deux-Guiers et Charavine. La pose des filets a duré cinq jours et les passages matinaux ont commencé. La LPO a été aidée par des bénévoles (une quinzaine au total) et par la MFR de Vif. À noter que les bénévoles peuvent également participer aux ramassages qui doivent être fait tous les matins.

Crapauduc
Crapauduc – Jean-Baptiste Decotte

Avant que ces sites bénéficient de cette campagne, plus des ¾ des populations se faisaient écraser, c’est pourquoi il est nécessaire d’intervenir sur ces sites afin de limiter le taux de mortalité.

Chaque site fera aussi l’objet d’analyses paysagères annexes afin d’étudier la possibilité de créer et/ou restaurer des mares tampons dans des zones favorables en amont des traversées de routes pour offrir d’autres solutions de reproduction aux amphibiens.